Johnny il est persuadé que si les enfants dys faisaient un effort, ils pourraient y arriver, parce que c'est quand même pas compliqué ce qu'on leur demande. Qu'il suffit de parler plus fort à un gamin qui a un trouble de l'attention. Que c'est parce qu'il n'aime pas la couleur du pull de Josette que le gamin autiste n'a pas participé aujourd'hui. Johnny il t'explique tout ce que le gamin n'arrive pas à faire. Il t'explique le décalage, les impossibilités et toute les fois où il a pas réussi.

Johnny t'as envie de lui faire bouffer son bic 4 couleurs pour voir si son discours devient un peu moins noir.

Bon, ok, il est un peu en retard, ou complètement à la rue. On le sait, c'est peut être pas la peine de faire déplacer tout le monde pour ça tous les 3 mois, c'était notre point de départ. Ce qui est intéressant Johnny Johnny c'est de savoir ce qu'il sait faire cet enfant.

Parce que le gamin dys en question, il le fait pas exprès, même si c'est quand même pas compliqué ce que tu lui as préparé. Par contre le gamin dys, tdah, ou autre, il a envie d'y arriver, il a même BESOIN d'être en réussite.

Imagine Johnny, tu vas au travail et toute la journée tu te plantes. Tu vois bien que tu te plantes, mais t'as quand même quelqu'un qui vient te dire que tu te plantes, alors que là quand même, c'était pas trop compliqué. Qu'on va faire des réunions où on va dire combien tu te plantes. Tous les jours. TOUTES TES P*** DE JOURNEE. Ça va pas être facile à vivre hein. Sauf que toi, t'es déjà un adulte. Les enfants eux, sont en train de construire ce qu'ils sont, leur image d'eux. Ils apprennent ce qu'ils sont à travers le regard de l'adulte. C'est plus qu'un devoir, qu'une poésie à recopier, qu'un dénombrement à acquérir. Pour eux, c'est ce qu'ils valent. Imagine ce que c'est que le quotidien d'un petit qui a BESOIN de réussite, qui a BESOIN de reconnaissance, mais qui barbote dans l'échec toute la journée. Sont costauds les gamins quand même, pour survivre aux adultes. Mais vient pas râler si à la fin de l'année il ne fait plus d'effort et perturbe les autres.

Mais, peut être que si on le secoue un peu il va s'y mettre. Bien sur ! On doit être un peu quiche parfois. Parce que le gosse, il a des parents prévenants, il a une ortho, une psychomot', un emploi du temps de ministre mais Johnny il a trouvé la solution ! Il suffit de le secouer un peu! C'est vrai qu'en lui collant une frise de points rouges et en barbouillant le cahier d'annotation (toujours en rouge, Johnny aime le rouge) ça va tout résoudre. On peut peut être même lui mettre un peu la honte « pour le faire réagir ».

Hey Johnjohn, si demain je te pète le genou et que je te dis « vas y cours », y a peu de chance que tu coures. Même si je te dis « pas trop vite, sur une petite distance, c'pas trop compliqué quand même » ben tu vas pas pouvoir. Par contre si on te mets un plâtre, des béquilles, tu vas peut être pouvoir avancer. A ton rythme et à ta distance, peut être jusqu'au bout, peut être pas, mais tu vas avancer. Peut être que tu vas avoir besoin de béquilles toute ta vie, peut être pas. Mais tu avances. Tu restes pas comme un malheureux sur le bord de la route pendant que les autres font leur chemin.

Parce que quand même Johnny, c'est un peu ton travail de le faire avancer. De le mettre en réussite. Quand il sort de sa journée sans avoir rien réussi, c'est que t'as raté ton boulot. Ça nous arrive à tous de se planter, mais on ne s'en satisfait pas en se disant que c'est la faute du gamin. Parce que le gamin, si on te le confie, c'est pour qu'il apprenne des choses.

Tu nous diras peut être que les échecs sont des apprentissages. Ça c'est du discours valable quand Suzette a mis son rouge a lèvre rouge sans crayon et qu'il a filé dans la journée, ou qu'elle est retournée pour la 4ème fois avec Charles, alors qu'on sait très bien que c'est pas un mec bien. Ce n'est pas de la théorie éducative. En fait c'est surtout des conneries. Un gamin qui a complètement raté sa production, il n'a rien appris a part qu'il ne sait pas le faire. Ton travail c'est de lui trouver un exercice où il mobilise les compétences qu'il a pour finir en réussite. Qu'il s’entraîne, ou qu'il découvre, il faut qu'à la fin il y arrive.

On va pas faire de miracle hein. Le gamin a une capacité attentionnelle max de 10 min ? Demande lui 10 minutes d'attention, et quand ce sera facile pour lui, tu lui en demanderas 12. Tu lui mets pas un point rouge parce qu'il a pas tenu toute une demi journée concentré. Il a l'air d'écrire avec des moufles ? Ça sert a rien de lui dire que c'est toujours pas beau. Mets lui un critère atteignable, la taille des lettres ou ce que tu veux. Et si c'est un cours de géo évalue le sur la géo, pas sur le fait que l'écriture des réponses n'est pas d'assez bonne qualité à tes yeux (et non elle n'est pas bâclée, bâclée c'est quand on n'a pas fait d'effort. Il a peut être fait des efforts de dingue pour son écrit).

Alors mister John, la prochaine fois qu'un gamin est en échec toute la journée, remets toi en question. Ça arrive de viser trop haut ou trop bas, ou de pas apporter la bonne adaptation. Mais on se réajuste, parce que devant toi t'as un petit bout qui vient certes pour des apprentissages, mais qui est avant tout un enfant, sensible, avec des émotions, avec un passé et un futur à construire, et c'est un peu toi l'adulte à qui on l'a confié.

#onavaitditplusdepavé #lesequipescafermeleschakhra #NepastaperJohnny #jaimisunephotopourfairepasserlalongueurdutexte Comptoir des Psychomot